Quels sont les critères et les garanties de qualité pour choisir ses huiles essentielles ? (1)

01 juil. 2019 COLLECTION POUR LES NULS

On vous a déjà partagé deux articles avec des petites recettes afin d’utiliser les huiles essentielles pour soigner les petits bobos ainsi que pour mieux dormir, mais il faut faire usage d’huiles essentielles de qualité pour qu’elles puissent vous transmettre leurs bienfaits !

 

1.    Les critères de qualité

Il y a quatre critères de qualité qui caractérisent les seules huiles essentielles dont vous pouvez faire un usage thérapeutique sûr. Dans l’approche thérapeutique que préconise l’École française d’aromathérapie, seules les huiles essentielles et les hydrolats (obtenus par la distillation à la vapeur d’eau) et les essences naturelles (extraites par l’expression) de qualité intégrale et entièrement naturelles, sont utilisées.

Regardons de plus près ce que chacun de ces quatre critères implique. Ensemble, ils permettent de démasquer des produits frauduleux.

100 % naturelle

L’exigence d’un produit 100 % naturel exclut bien évidemment les produits de synthèse. Or, ce n’est pas toujours facile de distinguer un produit naturel d’un produit contenant des produits de synthèse. Parfois, des producteurs malhonnêtes, notamment des différentes espèces de lavande, font arroser leur culture de molécules aromatiques de synthèse avant la cueillette et la distillation afin d’augmenter le rendement en huile essentielle contenant un taux élevé de certaines molécules prisées.

 

100 % pure

L’exigence d’un produit 100 % pur exclut toutes les huiles essentielles dont certaines molécules ont été isolées pour être vendues à part, toutes celles qui ont été « déterpénées » ou encore « rectifiées » pour être mieux tolérées par la peau, ainsi que toutes celles qui ont été « coupées » avec d’autres produits. Pour des questions de rentabilité, certains producteurs mélangent différentes huiles essentielles aux odeurs comparables pour les vendre comme huile essentielle unitaire.

En coupant l’huile essentielle de rose à l’huile essentielle de Géranium d’Égypte (Pelargonium x asperum), certains producteurs arrivent à présenter une HE Rose à un prix trop intéressant pour refléter dignement la rareté de ce produit. Lorsqu’elle est distillée pour ses vertus thérapeutiques, l’huile essentielle de la sauge sclarée (Salvia sclarea), par exemple, contient une molécule appelée « sclaréol », qui ressemble aux oestrogènes. Les résultats probants obtenus par cette huile essentielle appliquée à des cas d’aménorrhée sont dus à cette structure moléculaire « oestrogen-like ». Le sclaréol peut être absent de l’huile essentielle de sauge sclarée (Salvia sclarea) pour deux raisons : soit l’huile essentielle n’a pas été distillée assez longtemps pour extraire cette molécule « lourde » de la plante, soit cette molécule a été séparée de l’huile essentielle et vendue à l’industrie cosmétique où elle est employée comme fixateur naturel. L’huile essentielle de sauge sclarée (Salvia sclarea), vendue sans cette molécule, est sans effet particulier sur l’équilibre hormonal féminin.

 

100 % intégrale ou complète

Cette exigence de qualité concerne la méthode de la distillation elle-même.

Le processus de distillation d’huiles essentielles utilisées dans un but thérapeutique doit correspondre à des critères bien spécifiques et ne peut être comparé à la distillation d’huiles essentielles utilisées pour leurs arômes, comme le pratique l’industrie cosmétique par exemple. La distillation intégrale de plantes aromatiques – distillation à la vapeur d’eau et sous basse pression – doit se faire pendant une durée prolongée permettant de recueillir l’ensemble des fractions aromatiques de « tête » et de « queue ».

 

Botaniquement et biochimiquement définie

Ce critère de qualité exclut toutes les huiles essentielles provenant de sources botaniques vaguement identifiées. Par exemple, certains cultivateurs vendent leurs récoltes à une autre personne qui s’occupe de la distillation : les matières végétales provenant de lieux géographiques différents, et parfois même d’espèces différentes, sont mélangées pour fournir une huile essentielle de thym, d’eucalyptus ou de lavande par exemple sans autres précisions botaniques. Pour comprendre l’importance fondamentale de cette exigence qualitative, il faut regarder les deux aspects : celui de l’identification botanique et celui de l’analyse biochimique.

 

L’identité botanique certifiée de la source végétale

Le seul moyen d’être sûr de l’identité de la plante est d’utiliser sa dénomination scientifique en latin, internationalement reconnue dans le monde botanique. Cette dénomination scientifique comporte les éléments suivants : l’identification de la famille botanique, du genre et de l’espèce qui peut, à son tour, se décliner en sous-espèces et en variétés.

 

L’analyse biochimique

La nature nous offre, non pas un seul type de lavande, de thym ou de romarin, mais plusieurs variétés. De plus, chaque sous-espèce manifeste des caractères botaniques bien spécifiques, grâce à des facteurs déterminants du biotope qu’elles ont connu : la qualité de la terre, l’exposition au soleil, la végétation avoisinante, les conditions climatiques… Autant d’éléments qui ont une influence certaine sur la spécificité biochimique d’une plante et par conséquent sur son essence.

En plus des précisions botaniques, il est donc nécessaire d’identifier la spécificité biochimique qui peut apparaître dans certaines espèces grâce à leur terroir.

C’est maintenant que l’on aborde la notion du « chémotype » qui a profondément influencé la pratique de l’aromathérapie en France. L’accent que Pierre Franchomme a mis sur les différentes molécules biochimiques composant une huile essentielle le conduit à comprendre l’intérêt fondamental de cette précision pour faire un usage plus ciblé et plus sûr des huiles essentielles.

Ses travaux scientifiques démontrent que la composition biochimique détermine l’efficacité thérapeutique de l’huile essentielle. Chaque chémotype différent signale la présence d’une molécule spécifique dans une huile essentielle donnée, influençant par conséquent son activité thérapeutique habituelle. Grâce à la longue histoire viticole du pays, la notion du chémotype est facile à appréhender en France.

Pour illustrer le chémotype, on peut affirmer que le Champagne n’est ni américain, ni australien. De la même façon que les pieds de vigne bordelais, embarqués, il y a trois siècles, par les Huguenots pour être transplantés dans la région du Cap en Afrique du Sud, ne donnent pas les mêmes caractéristiques au vin que ceux qui s’enracinent dans le terroir aux alentours de Bordeaux en France, les pieds de romarin officinal qui s’enracinent en Corse donnent une huile essentielle différente de ceux qui poussent au Maroc. Il s’agit bien de la même espèce botanique ayant développé des caractéristiques biochimiques différentes selon le biotope.

L’intérêt de connaître le chémotype d’une plante spécifique est double : premièrement, cela permet d’avoir une action thérapeutique plus ciblée, donc plus efficace, et, deuxièmement, ces connaissances nous fournissent des données fondamentales quant à la toxicité d’une plante. Certains biotopes font apparaître des molécules très toxiques qui sont, soit absentes d’autres chémotypes de la même espèce, soit présentes, mais en moindre quantité.

 

Il ne suffit donc pas qu’apparaisse sur l’étiquette le nom savant, c’est-à-dire, le nom en latin de la plante. C’est effectivement une précision indispensable, pour éviter toute confusion quant à l’espèce botanique dont il s’agit, mais il faut également noter la spécificité du chémotype quand cette spécificité a lieu.

Pour évaluer en un coup d’oeil le sérieux et la qualité de toute la gamme des produits proposés par un fabriquant, il suffit de regarder les références d’huiles essentielles unitaires pour lesquelles des chémotypes sont répertoriés. Vérifiez donc d’abord les précisions (HECT ou HEBBD) qui sont fournies pour les huiles essentielles distillées du romarin et du thym. Ce sont des références que l’on trouve chez la plupart des fabricants d’huiles essentielles. Si aucune spécificité biochimique n’apparaît sur ces huiles essentielles unitaires, vous savez que le revendeur ignore le contenu de ses flacons : ce n’est pas la peine de vous attarder davantage sur le rayon proposant des produits sous la même marque !

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