10 lieux à visiter pour se plonger dans l'histoire des Templiers

20 déc. 2018 Collection Pour les Nuls

La présence des Templiers est encore inscrite dans le patrimoine public ou privé, plus de sept cents ans après leur disparition. Bien que le temps ait fait son œuvre, s’ajoutant à cela les destructions volontaires ou non, il est encore possible de retrouver les lieux emblématiques ou symboliques de l’ère des Templiers.

 

1. Jérusalem, là où tout a commencé

Vieille ville de Jérusalem (Mosquée Al-Aqsa)

C’est dans la vieille ville médiévale de Jérusalem qu’il faut chercher les traces des Templiers. Ils avaient leurs quartiers dans les dépendances de la mosquée al-Aqsa, bâtie selon la tradition en 637, par le deuxième calife Omar ibn al-Khattâb, là où le prophète Mahomet se serait élevé au ciel lors du voyage nocturne. La mosquée « lointaine » (al-Aqsa) est située au sud de l’esplanade des mosquées, sur le site occupé par le roi de Jérusalem Baudouin Ier.

Rebaptisée à cette époque Templum Domini, elle est prise à tort pour le Temple de Salomon, et donne leur nom aux Templiers quand le roi leur attribue ce bâtiment. Quand Saladin reprend la ville, toute trace d’occupation des Templiers est effacée. Seuls vestiges de l’époque subsistants aujourd’hui encore : une inscription lapidaire incompréhensible et une lettre du Templier Gérard de Ridefort trouvée vers 1925 dans un joint entre deux assises du pilier sud-est soutenant la coupole. On atteint le parvis de l’église du Saint-Sépulcre par la Via Dolorosa, marquée par 9 des 14 stations du chemin de croix, les cinq dernières étant situées à l’intérieur de la basilique. C’est là qu’officiaient les chevaliers du Saint-Sépulcre. Ils dirigeaient la conscience des premiers chevaliers templiers avant qu’ils obtiennent leur autonomie.

 

2. Paris, l’apogée et la fin des Templiers

Maison du temple, ParisDu square du Temple au boulevard et à la rue du même nom, en passant par la station de métro Temple, la rue Vieille-du-Temple, la rue des Fontaines-du-Temple, le Carreau du Temple, Paris conserve le souvenir de l’époque des Templiers. Certaines rues ont même changé de nom. Dans la muraille de Philippe Auguste qui apparaît au sol à hauteur du 6, rue Rambuteau, la porte du Temple, menant à l’enclos du même nom, était située vers le 69-71, rue du Temple.

À l’est du square du Temple-Elie-Wiesel, en face de la mairie, les traces au sol de la fantasmagorique tour du Temple sont en train de disparaître. Rue des Barres, côté Seine, là se situait la première colonie des Templiers, qui avaient à proximité leurs moulins à eau sur le fleuve. Sur le parvis de Notre-Dame, le point zéro est l’endroit approximatif où Jacques de Molay a appris sa condamnation et décidé de réfuter ses accusations. Square du Vert-Galant fut le lieu de l’exécution du maître de l’ordre du Temple.

3. Londres : Temple Church, cimetière des chevaliers

Temple Church by David IliffL’église du Temple de Londres est bâtie par les Templiers et consacrée en 1185. L’ordre avait dû quitter sa précédente emprise d’High Holborn, pour faire face à la rapide croissance du nombre de ses membres en Angleterre. Le bâtiment comprend deux sections distinctes : l’église circulaire originale, dite église ronde, nef actuelle, et une section rectangulaire côté est, construite un demi-siècle plus tard et formant le chœur.

Cette église était à l’origine utilisée pour les cérémonies d’initiation des Templiers. Les nouvelles recrues entraient par la porte ouest à l’aube, pénétraient dans la nef circulaire et prononçaient ensuite leurs vœux. On découvre dans la nef une succession de visages grotesques, sculptés dans la pierre et probablement colorés à l’origine. Au même endroit se trouvent les tombes de chevaliers acceptés par les Templiers dans leur cimetière. L’une d’elles attire particulièrement l’attention : celle du fameux Guillaume le Maréchal, le plus grand des chevaliers de son temps.

 

4. Coulommiers, commanderie préservée

Commanderie de CoulommiersCette commanderie en l’état est l’une des mieux conservées actuellement. Fondée en 1173, elle comprend un logis de commandeur, une chapelle avec des fresques religieuses, un bâtiment dédié au chapitre, un colombier, des jardins et une grange aux dîmes. La charpente en chêne à chevrons est d’origine. Un jardin médiéval a été recréé reconstruit en 1993. La porte des Morts mène vers l’ancien cimetière.

Dans la cave, un tunnel, aujourd’hui comblé, joignait le bâtiment aux champs ou à la forêt toute proche appartenant à la commanderie. Le domaine de la commanderie de Coulommiers était considérable : il s’étendait sur Aulnoy, Montanglaust, le Theil, et comprenait même une partie du quartier actuel de la porte de Meaux.

 

5. Gisors, château de légende

Château de GisorsLes mythes ont la vie dure… C’est ici que, selon la légende tenace, les Templiers auraient caché leur trésor. Il est vrai que leur donjon inquiétant planté sur sa motte castrale a de quoi faire fantasmer. Les Templiers n’y ont pourtant séjourné en tout et pour tout que deux fois : une première fois en 1158, quand trois Templiers y restent quelques mois pour le garder, en attendant que le mariage entre la fille du roi de France et le fils du roi, tous deux âgés de moins de 5 ans, ait lieu.

On sait aussi qu’Henri II et Philippe Auguste s’y sont rencontrés en 1188. Second séjour, celui de Jacques de Molay par exemple, emprisonné à Gisors, avant son retour à Paris en mars 1314. Le château actuel se présente en deux ensembles : la tour du prisonnier avec sa barbacane, à l’entrée de la forteresse, et le donjon sur son promontoire avec sa basse-cour entourée d’une muraille circulaire. Le tout encerclé en grande partie par une enceinte monumentale, avec ses tours de guet et ses douves sèches.

 

6. Château-Pèlerin, poste avancé

Château-PèlerinLes Templiers ont construit Château-Pèlerin en 1218. Ils ont pour cela fortifié le promontoire d’Atlit, pour barrer la route du littoral au-dessous d’Haïfa. Les pèlerins qui affluent fournissent alors une main-d’œuvre bénévole qui donnera son nom à la place forte. Cet éperon rocheux entouré par la mer remplace la tour de Détroit, situé à 2 kilomètres au nord-est.

Cette tour, dont les ruines sont encore visibles près de Limor Grove, est rattachée à la première ligne de défense de la nouvelle forteresse et devient un poste avancé d’alerte. Le mur extérieur faisait 15 mètres de haut et 6 mètres d’épaisseur, surmonté de trois tours carrées situées à 45 mètres l’une de l’autre, de 12 mètres de haut avec une plate-forme plane destinée à l’artillerie. Le mur intérieur était d’environ 30 mètres de haut, avec deux tours carrées, au nord et au sud, faisant chacune environ 34 mètres de haut. Ainsi, les défenseurs pouvaient tirer sur des cibles par-dessus le premier mur. Aujourd’hui, les ruines du château ne se visitent plus mais on peut néanmoins l’apercevoir à distance, notamment depuis la plage d’Atlit.

 

7. Le Gué de Jacob, pris avant d’être fini

Gué de Jacob - Photo by Forteresses d'OrientAux temps des Templiers, le Gué de Jacob est l’un des passages les plus sûrs pour traverser le Jourdain. À la suite de sa victoire de Montgisard, Baudouin IV décide d’y construire une forteresse, pensant protéger Jérusalem des incursions venues du nord. L’édification commence fin 1178, début 1179. Pressentant la menace, Saladin propose 60 000 puis 100 000 dinars au roi de Jérusalem. Devant son refus, il n’a pas d’autre choix que de mettre le siège sur une forteresse inachevée.

Les sapeurs de Saladin creusent des tunnels sous la forteresse et y mettent le feu : cette tactique se révèle payante. Après six jours de siège et avant que les renforts n’aient le temps d’arriver, les attaquants prennent le château et passent au fil de l’épée les 700 défenseurs, dont beaucoup de Templiers.

 

8. Tomar, château templier des Portugais

Château de TomarLe château de Tomar est bâti sur un emplacement stratégique, au-dessus d’une colline surplombant la ville et à proximité du Nabão, affluent de la Zêzere, elle-même affluent du Tage. Son mur externe défensif est en forme de pentagone et sa citadelle fortifiée s’organise autour d’un donjon central. Les Templiers ont introduit ici le système de tour centrale à vocation résidentielle et défensive, et de tours rondes dans les murs externes, plus résistantes aux attaques que les tours carrées.

À droite du donjon, l’église ronde avec beffroi du château de Tomar est construite durant la deuxième moitié du xiie siècle. La rotonde, comme on l’appelle, est maintenant décorée en style manuélin. L’oratoire primitif des Templiers se trouvait ici. L’ensemble fait ainsi partie du système de défense établi dans le royaume chrétien pour se protéger des Maures. Le château est le siège de l’ordre du Temple au Portugal, jusqu’en 1214, avant son transfert à Castelo Branco. C’est l’ordre du Christ, remplaçant les Templiers au Portugal, qui s’y installera en 1357 ou 1366 jusqu’à sa dissolution en 1834.

 

9. Acre, la ville médiévale en sous-sol

Tunnel des templiers, AcreLa ville a été un enjeu stratégique capital lors des croisades. Prise le 26 mai 1104 par Baudouin Ier, elle joue alors le rôle de port d’entrée des pèlerins, qui se dirigent ensuite vers la Ville sainte, par la côte et via Jaffa. Elle retombe aux mains de Saladin le 9 juillet 1187, avant d’être reconquise en 1191 par Philippe Auguste et Richard Coeur de Lion. Après la perte de Jérusalem, Acre devient la capitale du royaume de Jérusalem où se replient les Francs et, entre autres, les Templiers.

Sa position en fait le principal port de la Terre sainte, divisé en quartiers contrôlés par des marchands vénitiens, pisans, génois, français et germaniques. Jusqu’en 1291, Acre est un grand centre intellectuel pour les chrétiens et aussi les juifs, ceux-ci fuyant les persécutions en Occident. En 1291, la prise de la ville par les mamelouks marque la fin du royaume latin de Jérusalem et de la présence occidentale en Terre sainte. La ville d’Acre est donc bâtie sur les vestiges de la citadelle croisée, la ville ancienne étant en sous-sol de la ville ottomane.  Un tunnel dit « des Templiers », de 350 mètres de long, a été découvert en 1994. Il joignait la citadelle des Templiers, au sud-ouest de la ville, au port, à l’est.

 

10. Peñíscola, château balnéaire

Château de PeñíscolaEn 1294, deux chevaliers templiers, Bérenger de Cardona et Arnauld de Banyuls décident de bâtir le château, terminé en 1307, sur les vestiges de l’alcazar arabe. Leurs deux écus sont encore visibles dans la frise au-dessus de la porte d’entrée du château, ainsi qu’au-dessus de la porte de la basilique. Les Templiers exploitent notamment le sel marin dans les environs et font pousser légumes et fruits grâce à l’irrigation.

Après la dissolution de l’ordre des Templiers, le château de Peñíscola a été dévolu à l’ordre de Montesa, créé en 1317. Ensemble imposant surplombant l’avancée sur la mer, le château est relié au continent par une étroite langue de sable, qui disparaissait jadis au gré des tempêtes, et sur laquelle se trouve aujourd’hui la ville nouvelle.  Le château affiche toujours une architecture de type roman et cistercien et c’est l’un des plus importants vestiges de l’ordre du Temple dans tout l’Occident. Parmi les témoins de l’époque médiévale : la chapelle des Templiers, la terrasse (qui était auparavant le dortoir des Templiers), la salle d’armes, les écuries, la citerne…

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L'AUTEUR

Thierry DO ESPIRITO

Thierry do Espirito est auteur et guide conférencier à Paris. Il est passionné ...

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